Les forêts en libre évolution : laisser le temps au milieu de se développer
Laisser la nature évoluer librement permet aux écosystèmes de s’exprimer pleinement, et à toute la chaîne des organismes vivants qui leur sont liés d’apparaître et de se maintenir. Ces parcelles servent de réservoir de biodiversité pour les forêts alentour.
Laisser le temps aux forêts d'évoluer en liberté
En France métropolitaine, de nos jours, de nombreuses parcelles ne sont plus exploitées. La surface des forêts est en constante progression, essentiellement liée à l’abandon de terres agricoles du fait de la migration des populations agricoles vers les villes, ou de leur inaptitude à être mécanisées. Ces parcelles reviennent à l’état boisé. Nombre d'entre elles ne sont pas exploitées et sont donc, de fait, en libre évolution.
La libre évolution passive des forêts
Les raisons de cette libre évolution passive sont essentiellement dues à des questions de propriété (indivisions, décès…), des problèmes d’accès inexistants ou trop onéreux à créer, ou le plus souvent des peuplements sans intérêt économique. Bien sûr, elles ne sont pas à l'abri d'une exploitation si ces contraintes sont levées.
Plutôt que de considérer ces parcelles comme des espaces inutiles, il est beaucoup plus intéressant de les intégrer dans la réflexion autour de la gestion pour ce qu’elles apportent aux peuplements qui les entourent. Par exemple, leur rôle dans dans la conservation du patrimoine génétique local, souvent appauvri dans les parcelles régulièrement exploité est, face à l’adaptation nécessaire des forêts au changement climatique, un atout irremplaçable.


La libre évolution volontaire des forêts
Les initiatives pour la libre évolution des forêts prend de l’ampleur. Il s’agit de libre évolution volontaire. Il s'agit notamment de racheter certaines forêts pour arrêter les prélèvements de bois. Certaines structures proposent aussi des conventions qui rémunèrent les propriétaires pour laisser leur forêt ou une partie de leur forêt en libre évolution.
Il est convenu que, pour garder un équilibre entre production et préservation, une surface de 20% de chaque forêt devrait être consacrée à la libre évolution. C’est un objectif souvent réaliste si le diagnostic des parcelles a été effectué avec attention, en intégrant tous les enjeux.
Là aussi, un diagnostic préalable des parcelles permet d’orienter la gestion grâce à des éléments objectifs.
Par exemple :
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Récolter des vieux bois présentant des habitats comme des cavités, des troncs tordus... rapporte peu, car ils sont difficiles à valoriser par les scieries.
Les conserver permet de bénéficier de leurs rôles précieux pour l’accueil de la biodiversité.
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Laisser vieillir des parcelles difficiles ou coûteuses à valoriser par des travaux sylvicoles d’amélioration est un choix raisonnable.
Il ne faut pas minimiser le fait qu’une trame de parcelles en libre évolution favorise la production des parcelles adjacentes.
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Forêts sanctuaires : aires protégées, aires de conservation, réserves...
Conservation de la biodiversité grâce aux réserves de forêt
La création de réserves de forêt est indispensable, notamment :
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lorsque l’écosystème est fragile ou rare
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lorsque les moyens d’un état ne lui permettent pas de faire respecter des règles d’exploitation adaptées au potentiel des forêts…
Mais attention, la mise sous cloche des forêts ne résout pas tous les problèmes.
C’est une question cruciale dans de nombreux territoires du monde :
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La production de bois local s’arrête.
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Les populations autochtones qui vivaient en forêt ou en lisière sont rarement respectées. Chassées de leur milieu de vie originel, elles ne peuvent plus s’alimenter à partir des produits forestiers de la cueillette, de la culture sous le couvert forestier ou de la chasse. Il s’ensuit souvent un appauvrissement et une migration vers les villes.
Les systèmes de protection sont souvent déficients et les états n’arrivent pas à mettre fin à la corruption : l’exploitation des arbres et des autres ressources forestières comme les animaux ne s’arrête pas.
Comment protéger les forêts ?
En France, un dispositif légal de protection, les « Obligations Réelles Environnementales » ou O.R.E. permet à un propriétaire de mettre en place une protection sur leurs biens visant à « conserver, gérer et restaurer des éléments de la biodiversité ou des fonctions écologiques ». Ce contrat perdure même après leur disparition.
Une ORE est un contrat établi entre le propriétaire et une structure telle une collectivité publique (État, communes, départements, régions…), un établissement public ou une personne morale de droit privé agissant pour la protection de l’environnement. Ce dispositif est donc un levier important pour la libre évolution.
Le Conservatoire d'espaces naturels propose son appui pour accompagner les personnes qui souhaitent entrer dans cette démarche.
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